LE JEÛNE SELON LA METHODE DU Dr GUELPA

(Extrait du livre du Docteur Ed.Berthollet: Le Retour à la Santé par le Jeûne, Lausanne 1950, p. 114-128)

Indépendamment des recherches du Dr Dewey et de celles de ses élèves, le Dr Guelpa, de Paris, est arrivé à formuler des conclusions semblables et à instituer un traitement analogue dans ses grandes lignes, destiné à combattre les maladies par autointoxication; il y est arrivé en suivant le même chemin que Dewey, c'est-à-dire en se basant sur la saine observation clinique du malade, telle que s'efforcent de la pratiquer la plupart des médecins naturistes en se laissant guider uniquement par les indications fournies par la nature, en cours de traitement, au lieu de vouloir plier cette dernière à leur fantaisie pour la faire rentrer dans les cadres de leurs théories éphémères.

Les travaux de Guelpa sont d'une importance telle, sa cure de jeûnes courts et répétés est d'un maniement si facile, les résultats en sont si encourageants que nous allons en faire une analyse détaillée .

En 1903 paraissait déjà dans le Bulletin de la Société de médecine & Paris (séance du 23 décembre) un exposé des théories émises par le Dr Guelpa ayant trait au renouvellement des tissus et au rajeunissement des fonctions à la suite du jeûne. En 1911, une publication plus importante . Autointoxication et désintoxication est très rapidement épuisée; puis paraît une brochure destinée à vulgariser sa méthode et à faire ressortir les bienfaits du jeûne : Comment désintoxiquer notre organisme et le renouveler? Enfin l'ouvrage capital : La méthode Guelpa. Désintoxication de l'organisme, que nous allons analyser à fond.

Pour Guelpa, les quatre cinquièmes des maladies sont dues directement ou indirectement aux produits toxiques provenant des fermentations ou putréfactions gastro-intestinales causées par des excès alimentaires, ou plus fréquemment encore par une alimentation irrationnelle.

La constatation faite par le Dr Dujardin-Beaumetz que chez les typhiques

" la maladie évoluait d'autant plus favorablement jusqu'à la convalescence, que le malade perdait plus rapidement et plus régulièrement de son poids ", fut pour Guelpa un trait de lumière, qui le mit sur la voie de sa méthode de désintoxication par le jeûne.

Déjà en 1889, le Dr Dujardin-Beaumetz fit exécuter par son assistant, le Dr Stackler, une série de recherches sur la variation du poids des typhiques soignés dans sa clinique de l'hôpital Cochin. Au moyen d'une balance enregistreuse construite spécialement à cet effet, et sur laquelle reposait le lit du malade, on pouvait voir les moindres variations du poids; par l'étude des nombreux graphiques obtenus de la sorte, on put constater que les malades qui marchaient vers la guérison étaient justement ceux qui perdaient régulièrement du poids, tandis que ceux qui maigrissaient peu ou pas du tout avaient une maladie longue, grave, évoluant le plus fréquemment vers la mort. L'amaigrissement rapide démontrait que le corps avait encore l'énergie de brûler ses réserves, trouvant en lui-même la force nécessaire pour lutter contre la maladie et éliminer ses déchets; pour Guelpa, cette constatation prouve que '<l'organisme est encombré, gêné par une quantité plus ou moins grande de liquides, de cellules, de tissus vieux et empoisonnés, qu'il doit éliminer pour que la maladie disparaisse. "C'est pourquoi, plus vite on arrive à débarrasser le malade de ses poisons internes, plus vite aussi on le rétablit complètement. " C'est depuis ces expériences, pour moi mémorables, nous dit Guelpa, que je ne me suis plus inquiété de la faiblesse de mes malades; leur fausse sensation de faiblesse n'étant en réalité que l'expression d'un encombrement de produits toxiques et de déchets cellulaires, dont il faut au plus tôt, dans la mesure du possible, débarrasser l'organisme. »

Guelpa s'élève avec raison contre la funeste idée, trop enracinée dans le peuple, que la graisse est le signe d'une santé florissante; au contraire, il ne faut pas oublier que les gens gros et gras sont des intoxiqués, dont la vitalité est diminuée, partant dont les combustions organiques se font mal, dont les cellules sont encrassées par des déchets nuisibles, notamment par d'abondants dépôts de graisse. Comme nous l'avons dit, ce sont des gens très peu résistants aux maladies; la même règle est valable pour les enfants surnourris, ceux que le public trouve beaux, qui ont des récompenses dans les concours de bébés »; trop gras et joufflus, ils sont la proie facile et toute désignée des infections infantiles et leur mortalité est beaucoup plus grande que celle des autres enfants moins bien nourris en apparence, mais dotés en réalité d'une force de résistance plus grande parce que le fonctionnement de leurs cellules n'est pas gêné par un encrassement précoce.

Un ami du Dr. Guelpa, M. Chuchu, médecin vétérinaire distingué, lui déclara que cette observation est confirmée par les faits constatés journellement sur des animaux surnourris en vue de la vente comme viande de boucherie. " En effet, lui disait-il, lorsque nos bêtes sont engraissées, si au lieu de les abattre, on voulait les conserver, cela serait très difficile, parce que leurs tissus nobles, étouffés par la graisse qui les a envahis et plus ou moins compromis, ont perdu leur capacité à la défense et au fonctionnement de la vie. " Aussi pour Guelpa, la préoccupation souvent tyrannique de la plupart des gens « de pouvoir ingérer dans de bons repas une très abondante alimentation " est une conduite parfaitement inconséquente et des plus nuisibles, car ces personnes « ne font ainsi que gaspiller leur énergie avec usure précoce de leurs organes carburateurs . « Chez l'homme, dit-il encore, l'excès d'alimentation, surtout d'alimentation carnée et alcoolisée, a produit une exagération fonctionnelle des organes de la nutrition, avec une apparence de santé plus vigoureuse. Puis, petit à petit, comme le cheval trop fouetté, ces organes surmenés deviennent de moins en moins aptes à remplir leurs fonctions et s'acheminent vers l'impuissance totale..- "

Aussi pour reposer les organes surmenés, fatigués et surchargés de déchets toxiques, il n'y a qu'un moyen rationnel de traitement . le repos fonctionnel par le jeûne absolu et la désintoxication accélérée par la purge abondante.

Naturellement la routine officielle a immédiatement proteste contre ce mode de procéder, objectant que théoriquement déjà, c'était une méthode très dangereuse, car par l'inanition le malade risquait l'autophagie, bien indiquée par la présence d'acétone dans les urines des jeûneurs; Guelpa répond à cette critique en faisant remarquer que la pratique, seul juge en la matière, démontre que c'est là une crainte illusoire et que parmi les milliers de cas traités par lui de cette façon il n'a eu à enregistrer aucun cas fatal dû à un empoisonnement par l'acétone; quant à l'autophagie, loin de la redouter, il cherche au contraire à la provoquer et à l'accélérer, afin que l'organisme détruise au plus vite les cellules faibles, vrais parasites de la force vitale, et qu'il se débarrasse dans le plus bref délai de ses déchets toxiques.

On a encore objecté, toujours au nom de la théorie, que ce traitement était de nature à provoquer de graves crises de faiblesse par inanition; c'est du reste la peur de cette soi-disant faiblesse générale qui empêche trop souvent beaucoup de personnes de persévérer au début de la cure, car dès les premiers malaises de désintoxication, elles se croient irrémédiablement perdues. Guelpa fait remarquer, avec raison, que cette sensation désagréable éprouvée par les malades au commencement (l'un jeûne est très mal caractérisée par le terme de faiblesse; en effet, cette sensation est «très légère chez les bien portants, mais d'autant plus accusée que la maladie, pour laquelle on fait la cure, a été plus grave ». On peut comparer cet état de malaise à un état prégrippal; la sensation de courbature et l'abattement que ressentent les patients correspondent aux efforts de désintoxication de l'organisme qui déverse dans le sang quantité de produits nocifs; ceux-ci irritent les centres nerveux, d'où les malaises et l'état nauséeux bien compréhensibles; la purgation, balayant les autotoxines, apporte un soulagement immédiat. Guelpa revient à plusieurs reprises sur cette fausse compréhension de la faiblesse qui a fait commettre tant d'erreurs graves en thérapeutique : « Je suis convaincu, dit-il, qu'il n'y a peut-être pas dans le dictionnaire un mot plus faux, un mot qui ait déterminé des conséquences plus pernicieuses pour la santé. » Ce qui est surtout faux, c'est le sens que lui prêtent beaucoup de scientifiques.

On sait, en effet, que par la combustion et l'utilisation des aliments, par l'usure plus ou moins rapide des tissus, il se forme des produits de déchets toxiques qui doivent être éliminés et détruits par nos organes de protection, dont un des plus importants est le foie; que ces organes soient affaiblis par la maladie ou par la fatigue causée par un apport exagéré de substances nuisibles : poisons, drogues médicamenteuses, alimentation exagérée ou irrationnelle, aussitôt nous voyons se manifester l'insuffisance cellulaire par l'apparition d'un malaise sourd que l'on qualifie à tort de faiblesse; «faiblesse, mot foncièrement malheureux, nous dira Guelpa, parce qu'il impose immédiatement et directement à notre esprit l'idée corrective de fortifiants, soit en augmentant l'alimentation, soit en recourant aux médicaments excitants. "

Or, comme ces malaises, qualifiés de faiblesse, sont dus uniquement à la présence de déchets toxiques qui empoisonnent les cellules et vicient nos humeurs, la seule pratique logique et vraiment conforme aux lois de la nature, c'est de donner au corps et aux organes un repos prolongé en cessant tout apport alimentaire, et de favoriser l'élimination des poisons endogènes par l'administration de purges copieuses. L'expérience enseigne, en fait, qu'après trois ou quatre jours de malaises plus ou moins désagréables selon le degré d'auto-intoxication du patient, il se produit une amélioration notable qui lui permet de prolonger la cure de jeûne, débarrassé de ce sentiment de fausse faiblesse; ainsi que Dewey l'avait déjà remarqué, le Dr Guelpa confirme aussi qu'il en va de même pour le sentiment de fausse faim et de fausse soif qui effraie le débutant. Ces besoins n'ont rien à voir avec un acte physiologique, ce sont au contraire des appels pathologiques de l'organisme irrité par les produits toxiques de déchets. Guelpa fait remarquer que si la faim était ce que la physiologie officielle nous enseigne : "l'ensemble des sensations qui avertissent l'homme et les animaux de la nécessité de réparer les pertes de l'organisme et qui les poussent à introduire dans le tube digestif les matériaux nécessaires pour cette réparation », elle devrait augmenter après une purgation abondante; et cependant, c'est le contraire qui a lieu; le sentiment de faim disparaît d'autant plus vite que la purge a eu un effet plus radical; celle-ci débarrassant le tube gastro-intestinal de tous ses détritus toxiques et irritants, il paraît assez naturel de conclure que cette sensation de fausse faim provient justement de cette irritation des muqueuses digestives par ces mêmes poisons. " Cette faim, dit Guelpa, n'est que le cri de l'organisme gêné par l'intoxication et l'infection qui ont leur siège dans le tube digestif, et non pas l'expression du besoin de réparer les pertes de cet organisme. » Pour répondre à l'objection, qui semble appuyée par l'observation journalière, que cette fausse faim disparaît cependant si l'on ingère des aliments, Guelpa en donne une explication rationnelle; il attribue aux aliments, surtout aux végétaux, un rôle antitoxique par neutralisation temporaire; en outre la cellulose végétale ferait office d'éponge absorbant les poisons intestinaux. Cette explication est très plausible et très ingénieuse: voici comment il la motive :

« Le premier effet de l'aliment arrivant dans le tube digestif est certes d'absorber, de neutraliser ces produits de mauvaise fermentation et de préparer ainsi la masse pour les évacuations prochaines. Jusqu'à ce moment, l'aliment agit dans le même sens, dans le même but si vous voulez, que la purge, mais de manière douce, agréable. Il désintoxique suffisamment la canalisation gastro-intestinale pour permettre à la sécrétion des sucs digestifs de réaliser utilement la deuxième partie du rôle des aliments, c'est-à-dire de fournir aux tissus les éléments réparateurs des cellules en destruction. Donc l'aliment a deux fonctions successives bien distinctes à remplir; la première, la plus pressante : absorber l'excédent des poisons du tube digestif et l'entraîner au dehors, c'est celle qui éteint la faim; l'autre, moins urgente, mais non moins utile, que jusqu'à ce jour on croyait unique : fournir les éléments réparateurs. » Et il ajoute pour conclure son argumentation :

"On a souvent la preuve de cette action désintoxiquante de l'aliment dans la disparition rapide de maux de tête et d'autres phénomènes d'embarras gastriques après un bon dîner, surtout si on a eu la chance qu'il ait été suivi d'une prochaine évacuation alvine." Comme Dewey l'avait déjà observé, Guelpa remarque aussi que la vraie sensation de faim physiologique ne revient en général qu'après un jeûne de plusieurs semaines, parfois même après des mois seulement; ce retour de la vraie faim coïncide avec la désintoxication intégrale de l'organisme et avec la rénovation des cellules nourries par un sang généreux.

Quant au sentiment de fausse soif, c'est également l'appel de l'organisme qui demande impérieusement du liquide pour diluer les poisons autogènes, pour laver les cellules et pour faciliter l'expulsion de ces toxines une fois déconcentrées. Le fait que cette soif ardente du début diminue beaucoup à la suite de purgations répétées prouve le bien-fondé de cette théorie; du reste les malades sont les tout premiers surpris de voir leur soif disparaître au bout de quatre à six jours selon leur degré d'intoxication; nous avons vu pour notre part des jeûneurs, réclamant au début du traitement jusqu'à six grands bols de tisane dans la journée, se contenter d'une à deux petites tasses après quelques jours.

A ce sujet, Guelpa fit sur lui-même une expérience qui est des plus suggestives :

" Il y a cinq ans, étant allé au Maroc, j'ai voulu, continuant certaines études, faire 1'expérience du jeûne et de la purgation pendant le voyage de retour. Après avoir pris mon dernier repas le jeudi soir 27 juin 1907, je buvais à la fin de la nuit suivante une limonade purgative et le vendredi à midi je m'embarquais.

"Arrivé à Madrid, le dimanche, j'y répétais la purgation et j'arrivais à Paris, le mardi 2 juillet au matin, si bien portant, que je repartais aussitôt visiter mes malades sans rien prendre jusqu'à midi.

"Pendant cette période (du jeudi soir au mardi à midi) je n'ai pris aucun aliment et n'ai éprouvé aucunement le besoin de boire; quatre tasses de thé, quatre citronnades, deux cafés et une bouteille d'eau m'ayant suffi dans tout le parcours. Cependant, j'avais traversé en ce mois de juillet ces immenses plaines déboisées de l'Espagne, où régnait une chaleur torride. Mes compagnons de route buvaient et s'épongeaient sans cesse. 'Très à mon aise, j'étais loin de les envier. "

C'est là une belle démonstration de l'endurance et du bien-être que peut procurer la pratique rationnelle du jeûne.

La peur de s'affaiblir ou de dépérir durant la cure de jeûne en éloigne malheureusement beaucoup de gens qui pourraient en retirer le plus grand bénéfice; cette peur est tout à fait illusoire; il en va de même de la crainte manifestée par beaucoup de médecins au sujet des purges copieuses et répétées; c'est du reste la plus grosse objection que l'on ait articulée contre la méthode de Guelpa; aussi revient-il à plusieurs reprises sur ce sujet afin de bien démontrer toute l'inanité de ces craintes. Guelpa, se basant sur son expérience très étendue, déclare que la purgation est tout à fait inoffensive et qu'elle ne peut en aucun cas être nuisible lorsqu'elle est appliquée avec discernement.

La purge, ce remède par excellence de la médecine ancienne, ce remède à juste titre prisé si fort par nos grands-mères, a perdu la faveur de la médecine officielle pour qui la notion du nettoyage des "humeurs peccantes" sonne comme un grave anachronisme. La purge, si l'on en croit le Dr Burlureux, serait "un danger social" !

Guelpa s'attache à démontrer que bien au contraire une purge administrée abondante, larga manu comme il le préconise, ne peut en aucun cas avoir de fâcheux résultats, étant donné son effet rapide et son pouvoir décongestif; il en est si convaincu qu'il considère comme néfastes conseillers ceux qui, se basant sur des vues toutes théoriques, veulent proscrire cette vieille pratique : " Ameuter l'opinion publique, dit-il, contre le moyen peut-être le plus puissant que la nature ait mis à notre disposition pour la conservation de la santé et pour l'évolution plus favorable des maladies, c'est désarmer les praticiens savants et honnêtes. » Mais on ne saurait trop répéter que pour être efficace et sans danger, la purge doit être suffisamment forte et à effet rapide. Si par contre, on l'administre à dose trop faible, l'évacuation se fait mal, elle dure plus longtemps, s'accompagne de nausées et de céphalées; dans ce cas, le contenu intestinal, au lieu d'être expulsé en totalité, est remué, brassé par une purgation légère, les matières stercorales sont diluées et les toxines provenant de la fermentation ou de la putréfaction intestinales sont réabsorbées par la muqueuse; elles contaminent alors le plasma sanguin, d'où production de malaises divers par intoxication des centres nerveux. Si la purge ne produit pas un effet salutaire, on peut être certain qu'elle a été mal administrée, en quantité trop faible ou que le patient a pris froid.

Les purges salines sont celles qui ont donné à Guelpa les meilleurs résultats; il les recommande dans tous les cas où il n'y a pas insuffisance rénale manifeste. La dose doit être au moins de 50 à 60 grammes (le sulfate de soude ou de citrate de magnésie en solution dans trois quarts de litre d'eau tiède; on peut encore avoir recours à une bouteille d'eau de Sedlitz ou d'Hunyadi Janos tiédis; l'action en est très rapide, elle prend fin dans la plupart des cas au bout de trois heures, sans provoquer de grandes coliques, ni de malaises sérieux. La seule règle à observer pour éviter des ennuis est de s'abstenir de tout aliment durant vingt-quatre heures au moins afin de donner le temps à la muqueuse intestinale irritée par la purge saline, de se décongestionner et de se reposer. Cette irritation de l'intestin est du reste très superficielle comme Guelpa va nous l'apprendre; quoiqu'un peu long, nous citerons le passage en entier, car la question est assez importante pour être vidée à fond :

« Quant au danger d'irriter la muqueuse gastrique par la purge, c'est encore un de ces préjugés qui ne se basent sur aucun fait réel et dont il est temps de nous débarrasser. Mon attention étant éveillée par ce préjugé, j'ai, au cours de milliers de purgations, prises par moi-même ou administrées à mes malades, essayé de me rendre compte de la réalité et de l'importance de cet inconvénient. Je n'ai jamais eu une seule fois l'occasion de le constater, surtout quand les purges sont répétées. "L'irritation déterminée par la purge sur la muqueuse de l'intestin ne serait, d'après lui, pas plus grave que la rougeur que nous observons sur la peau après l'application d'un cataplasme sinapisé, retiré dès que l'effet commence. Par contre, il émet le sérieux garde-à-vous que chaque patient doit bien graver dans son esprit : " Si parfois de graves manifestations irritatives éclatent, elles ne proviennent pas de la purge. Il faut plutôt incriminer l'introduction trop hâtive des aliments dans le tube digestif ou plus souvent encore l'insuffisance de la purgation, qui ne fait que mobiliser et non éliminer complètement les produits toxiques... D'où le conseil très utile de ne jamais permettre à un malade de s'alimenter avant que vingt-quatre heures ne se soient écoulées après l'effet purgatif. Ce délai est nécessaire à la réparation de l'épithélium... »

Pour affermir sa conviction, Guelpa a fait une série d'expériences sur des chiens et sur des lapins; il a pu démontrer ainsi que des purges très fortes et répétées durant quatre à cinq jours n'ont eu aucun effet irritatif nuisible sur la muqueuse gastro-intestinale. Aussi pouvons-nous conclure avec Guelpa : « La purge donc, loin d'être vouée à l'ostracisme, doit être beaucoup mieux appréciée et étudiée pour que nous connaissions plus complètement la grande étendue de ses applications hygiéniques et thérapeutiques... de toutes les médications de la thérapeutique, la purge est certes la moins dangereuse, la plus sûre dans ses effets immédiats et la plus utilisable dans ses conséquences éloignées. "

Toutefois, il faut bien le reconnaître, ce n'est ni la peur de la faiblesse, ni la crainte de la purge qui seront les pires ennemis de la méthode de Guelpa, mais bien plutôt les habitudes de gourmandise et le sensualisme jouisseur qui tiennent sous leur esclavage la plupart des malheureux humains.

Quelques mots maintenant sur la façon ingénieuse dont Guelpa entend la physiologie du jeûne : C'est en partant de l'étude de la vie cellulaire que l'on comprend le mieux la nécessité de la désintoxication par le jeûne. Toute cellule de notre corps, pour vivre et se développer, doit pouvoir puiser dans le milieu dans lequel elle baigne (la lymphe du sang) les matériaux nécessaires à son entretien; cette première phase de l'assimilation est immédiatement suivie d'une seconde où la cellule, par son activité, brûle ses réserves alimentaires pour pouvoir fonctionner; il se produit alors des substances de déchets, poisons ou toxines, qui doivent être expulsés au plus tôt, emportés par la circulation sanguine, détruits et neutralisés, puis éliminés de l'organisme par les émonctoires naturels : foie, intestin, reins, poumons et peau. Si, pour une raison ou pour une autre, ces organes deviennent insuffisants ou sont surmenés, il y a rétention des autotoxines, déchéance des cellules dont le fonctionnement est entravé, d'où maladie et même mort.

Alexis Carrel, dont les magnifiques travaux sur les greffes animales ont rénové la pratique chirurgicale, a démontré que l'on pouvait cultiver des fragments de tissus organiques séparés du corps, pourvu qu'ils fussent placés dans un milieu nutritif approprié et maintenu à une température spéciale; il a observé qu'au début la croissance de ces cellules isolées était très active, puis qu'elle devenait de moins en moins rapide pour finir par s'arrêter complètement. Carrel eut l'idée que cet arrêt était dû à l'accumulation dans le milieu nourricier des produits de désassimilation de la vie des cellules; il transplanta en conséquence ces colonies cellulaires dans un milieu nutritif frais, ayant pris au préalable la précaution de décrasser ces fragments de tissus par un lavage minutieux à l'eau physiologique; son idée se trouva confirmée, l'arrêt d'accroissement des cellules était bien dû à leur paralysie par intoxication; il put ainsi, en répétant le même traitement, renouveler plusieurs fois leur activité vitale et favoriser leur accroissement.

Cette expérience est riche un conclusions : elle nous prouve à l'évidence que l'arrêt de la fonction des cellules organiques et leur mort consécutive arrivent à la suite de l'accumulation des produits de déchets et de combustion dans le corps cellulaire; il faut donc trouver un moyen efficace de purifier les humeurs, de nettoyer le sérum sanguin qui baigne ces cellules; or, pour ce faire, il ne saurait y avoir de procédé meilleur que le jeûne avec purge forte et abondante; on réalise ainsi sur le vivant la dépolarisation, le lavage et la rénovation des éléments cellulaires et du milieu nutritif que pratiqua Carrel « in vitro ».

Nous avons déjà dit que les deux ou trois premiers jours de la cure de jeûne étaient les plus pénibles; ils correspondent donc à la mise en circulation de quantités importantes de poisons organiques dont il faut favoriser l'élimination rapide par tous les moyens possibles :

purgations répétées, lavements, massages.

Durant le jeûné, les mouvements, quoique plus aisés, sont parfois plus vite suivis d'un sentiment de fatigue, qui n'est du reste que passager et qui disparaît très vite au bout de quelques minutes de repos dans la position couchée. Le jeûneur est également, en général, plus sensible au froid, ce qui est assez compréhensible, l'apport calorique alimentaire en graisse et hydrates de carbone étant momentanément suspendu. Il faut donc prendre la précaution de s'habiller chaudement pendant la cure.

Le sommeil est plus léger, mais, en général, beaucoup plus tranquille et plus réparateur.

Les perceptions gagnent en précision et en finesse, le travail cérébral devient plus actif et plus rapide dès le deuxième ou le troisième jour et surtout après le jeûne.

Le pouls est plus régulier, moins tendu, et la pression sanguine diminue sensiblement.

Le sérum sanguin est plus pur, nettoyé de ses déchets toxiques, acide urique, urée surtout; le nombre des globules rouges augmente, ainsi que celui dés leucocytes, qui sont également plus vigoureux.

Tous les organes se décongestionnent par la régularisation de la circulation sanguine et leur fonctionnement redevient normal et régulier; il se produit un rajeunissement réel de l'organisme par rénovation cellulaire.

L'amaigrissement porte surtout sur les parties graisseuses et quelque peu sur le tissu musculaire; il n'y a pas lieu de s'en effrayer, il faut même se souvenir qu'il constitue une condition sine qua non de la guérison : plus il est intense et rapide au cours de la cure, plus on peut espérer une reprise vitale efficiente et certaine.

Durant le traitement, on note une diminution sensible des sécrétions, de la sueur notamment; une disparition du sentiment de faim et de soif une fois que les premiers jours sont passés et que la désintoxication massive a été effectuée.

Comme avantage immédiat de la pratique du jeûne, il faut citer la disparition presque complète des bactéries intestinales, d'où désinfection et repos du tube digestif.

Quant au danger d'acétonurie, il est pratiquement inexistant, on trouve toujours dans l'urine du jeûneur des quantités d'acétone en général assez minimes; il n'y a pas lieu de prendre peur : c'est au contraire la preuve que je jeûne est réellement efficient et que la destruction par autophagie des cellules malades se poursuit normalement, cela au grand profit des cellules jeunes et fortes qui se développeront mieux après cette sélection, une partie de la forcé vitale n'étant plus absorbée et gaspillée pour l'entretien de cellules faibles et inutiles.

Pour ce qui est des avantages éloignés et durables qui sont la suite d'une cure de jeûne bien conduite, ils sont multiples et c'est avec enthousiasme que le Dr Guelpa les souligne, d'accord en cela avec tous ceux qui ont tenté l'expérience de cette méthode merveilleuse.

« A la suite d'une cure de désintoxication suffisamment prolongée et quelquefois répétée, on a la satisfaction de se sentir réellement rajeuni. La digestion s'effectue plus aisément, la respiration devient plus légère, les mouvements plus agiles. » D'après son avis, c'est aussi la meilleure méthode pour stabiliser l'état mental : « On est étonné de la lucidité d'esprit éprouvée après une cure... Je suis persuadé qu'il n existe pas dé moyen plus rapide et plus énergique pour combattre la distraction, la somnolence et la paressé cérébrale. " Tous ces bienfaits de la désintoxication par le jeûne, le Dr Guelpa les a expérimentés sur lui-même, ayant répété la cure plus de cinquante fois, et cela toujours avec les mêmes résultats curatifs excellents.

La technique du jeûne institué par Guelpa est très simple :

Après examen approfondi du malade pour s'assurer qu'il ne présente pas de tares rédhibitoires, on lui administre durant trois ou quatre jours, et parfois même plus longtemps selon les cas, une bouteille d'eau purgative chauffée, ou une purge à base de citrate de magnésie (40 à 50 grammes par demi-litre d'eau chaude) à prendre en deux fois à 15 ou 30 minutes d'intervalle. Durant la journée, on administre comme boisson une eau légèrement alcaline ou une tisane aromatique quelconque.

Guelpa recommande d'éviter les refroidissements et si possible de faire la cure pendant la saison chaude.

Une bonne partie du livre de Guelpa (85 pages) est consacrée à la réfutation des objections qui lui furent faites par ses confrères lors de la discussion qui suivit l'exposé de sa méthode aux sociétés savantes. Ce fut l'occasion de belles joutes oratoires, de très doctes dissertations théoriques, mais on se serait plutôt attendu à ce que cette nouvelle méthode fût expérimentée par tous ces savants contradicteurs; malheureusement, il n'en fut rien et on préféra recourir à des arguments théoriques, à des vues de l'esprit qui ne pouvaient guère faire avancer la question, plutôt que de se livrer à quelques expériences. On constate même avec étonnement que quelques-uns des contradicteurs de Guelpa, à bout d'arguments sérieux et scientifiques, eurent alors recours aux plaisanteries faciles, tel le Dr Laufer, qui ne craignit même pas de dénaturer le sens de la méthode Guelpa et qui s'écriait :

"Ne pas manger pour avoir des forces serait, en effet, un excellent moyen à la portée, si je puis dire, de toutes les bourses et résoudrait en grande partie le problème social. L'eau purgative chauffée remplaçant les calories coûte assurément peu cher." Le Dr Laufer serait bien le premier à s'étonner si l'on venait lui affirmer que cette fade plaisanterie est cependant la meilleure partie de son argumentation; c'est un fait indubitable que la cure de jeûne et les enseignements qui en découlent sont de nature à faciliter grandement la solution de plus d'un problème social angoissant : réduction de la fréquence des maladies, d'où santé publique meilleure et charges sociales allégées, vie plus sobre et plus frugale, partant plus facile et diminuant l'âpre compétition pour acquérir une nourriture souvent malsaine et inadéquate.

Malgré toutes ces oppositions plus ou moins officielles et intéressées, la méthode Guelpa gagna la partie; elle fait chaque jour de nouveaux adhérents enthousiasmés par les guérisons rapides et merveilleuses que l'on en obtient à coup sûr.

Nous allons terminer l'exposé des viles de Guelpa en résumant les nombreux cas de maladies qui sont justiciables de sa cure; les mêmes indications étant du reste aussi valables pour le jeûne de longue durée lorsque le patient y a été préparé rationnellement.

Guelpa cite en tout premier lieu de nombreux cas de diabète, très améliorés, sinon guéris; il en est de même des maladies cardio-pulmonaires : asthme, bronchites, myocardites, arythmie, palpitations qui sont parfois merveilleusement soulagées et le plus souvent guéries par une cure suffisamment répétée et bien rythmée.

Les migraines d'origine congestive ou toxique, surtout lorsque le cas n'est pas trop vieux et qu'il n'y a pas de lésions trop profondes des organes importants, sont susceptibles de guérir radicalement par le jeûne.

C'est encore le remède tout indiqué et très efficace contre le rhumatisme aigu ou chronique, contre le lumbago ou la sciatique.

Tous les malades arthritiques que la goutte et ses multiples malaises menacent à coup sûr devraient se soumettre à des jeûnes réguliers; au bout de quelques jours de traitement on voit déjà les amas calcaires et tous les dépôts d'acide urique diminuer pour se dissoudre complètement si la cure est suffisamment prolongée; il n'est pas jusqu'aux articulations grippées et ankylosées qui ne finissent par s'assouplir et par reprendre leur fonctionnement normal; le traitement est parfois assez pénible au début, le patient souffrant de malaises divers dus à la quantité d'acide urique remis en circulation pour être éliminé avec les selles et avec l'urine.

Le jeûne sera excellent comme début de cure de l'obésité et facilitera l'institution d'un régime plus frugal d'après-cure.

Pour ce qui est des affections gastro-intestinales, gastrites diverses, ulcères stomacaux, hyperacidité douloureuse, entérites aiguës ou chroniques, constipation opiniâtre, la méthode Guelpa est d'un effet remarquable; elle est la seule rationnelle, car elle procure a ces organes affaiblis un repos salutaire suffisamment prolongé pour permettre aux muqueuses malades et irritées de se reconstituer et d'acquérir une force nouvelle. Guelpa se sert même de sa cure comme moyen de diagnostic de ces affections; si le traitement échoue il conclut alors qu'il a affaire à une maladie organique grave, tumeur maligne ou lésion profonde.

Les poussées d'ictère aigu ou subaigu qui indiquent toujours une insuffisance de la fonction hépatique sont rapidement jugulées par le jeûne; le foie, soulagé de ses toxines, reprend bientôt son fonctionnement normal.

Il n'est pas jusqu'aux anémiques, ce qui peut paraître paradoxal à première vue, qui ne ressentent le plus grand bien d'une telle cure; une fois le sérum sanguin purifié et nettoyé de ses autotoxines les éléments figurés du sang acquièrent une force et une résistance toutes nouvelles; le taux de l'hémoglobine augmente dans des proportions notables. Le nombre des globules rouges passa de 500 000 à 5 500 000 dans un cas remarquablement favorable observé par Guelpa; dans un autre, on comptait à la fin de la cure 4 760 000 hématies, dans un autre enfin le résultat final fut de 5 600 000; le nombre des leucocytes, ces cellules si importantes pour la police de défense et de nettoyage de l'organisme, s'accrût dans dés proportions très réjouissantes; dans un cas, la quantité passa de 4000 à 5500 et de 5800 à 7100 dans un autre.

 

On sait que la plupart des affections cutanées sont très souvent le produit direct ou indirect de la viciation humorale par mauvaise digestion gastro-intestinale; il va sans dire qu'elles céderont à une bonne cure de jeûne. Guelpa a guéri de cette manière des cas d'érysipèle, de zona, d'eczémas rebelles, de psoriasis, d'urticaire, de prungo, de lichens, de furonculoses généralisées. La cicatrisation de profondes plaies cutanées, suites de brûlures, en a été grandement accélérée.

 

Les maladies et les désordres des nerfs ont le plus fréquemment pour cause une irritation ou un empoisonnement par les toxines endogènes provenant soit de surmenage, soit d'une mauvaise hygiène alimentaire avec production d'une acidose plus ou moins grave du sang. La cure de jeûne est souveraine pour remettre le système nerveux en état; aussi ne peut-on se lasser de la recommander aux malades mélancoliques et déprimés, aux asthéniques de tout genre, à ceux qui souffrent de céphalées, d'insomnie et surtout aux agités. Guelpa a guéri par sa méthode des épileptiques, ce qui indique que dans cette pénible maladie ce sont souvent les processus d'irritation par auto-intoxication qui jouent le rôle déterminant dans la genèse de la crise. Il a guéri également des cas d'impuissance sexuelle causés par un éréthisme nerveux toxique.

Avec le chirurgien Pauchet, Guelpa estime que les candidats à une opération grave devraient être au préalable soumis à la cure de désintoxication, car les jeûneurs ont la respiration plus aisée, la pression artérielle diminuée, l'hématose meilleure, la phagocytose plus intense et la flore bactérienne intestinale très réduite; tous ces facteurs réunis sont de nature à augmenter les chances de réussite en cas d'opération. Pauchet a également observé que les jeûneurs s'endormaient plus facilement et d'un sommeil tout à fait calme, ce qui permettait de réduire la quantité de narcotique pour obtenir cependant une narcose tout aussi profonde. La convalescence est beaucoup plus rapide, la vigueur cellulaire ayant été augmentée par le jeûne; les suppurations postopératoires sont aussi bien plus rares.

Conjointement avec le Dr Leprince, ophtalmologiste de Bourges, Guelpa obtint d'excellents résultats avec sa méthode dans plusieurs cas d'affections oculaires graves : kératoiritis, hémorragies intraoculaires, glaucome, rétinite, paralysie des muscles de l'œil, troubles du corps vitré. Guelpa a observé sur lui-même une notable amélioration de la vision à la suite d'un jeûne; un surmenage intensif lui avait valu une fatigue oculaire prononcée qui disparut à la suite du traitement.

Durant l'évolution d'une maladie infectieuse aiguë il est tout indiqué de supprimer l'apport alimentaire et de laisser à l'organisme toute sa provision d'énergie pour se défendre contre le processus infectieux; la purge est également indiquée pour débarrasser le corps le plus vite possible de ses toxines.

Enfin les maladies et les affections des voies génito-urinaires ne font pas exception à la règle et bénéficient également de cette cure qui précipite la guérison chaque fois qu'on veut bien y avoir sérieusement recours. Sur les conseils du Dr Guelpa, les Drs Lvys et Klotz ont traité par le jeûne des malades atteints de blennorragie; ils ont observé que la guérison arrivait beaucoup plus rapidement et qu'en général l'infection ne récidivait pas.

Guelpa voit une seule contre-indication formelle de la cure de jeûne, c'est lorsqu'on se trouve en face d'un cas de tuberculose ouverte et fébrile.

Le Dr Oscar Jennings qui a beaucoup pratiqué la cure Guelpa a constaté qu'elle était un précieux auxiliaire pour le traitement des toxicomanes, adonnés à la morphine, à l'opium, à la cocaïne ou au trop funeste tabagisme; il en est de même pour les alcooliques que l'on arrive à désintoxiquer avec plus de rapidité et plus de facilité en pratiquant le jeûne allié aux autres méthodes de désaccoutumance de la drogue fatale. Rien qu'à ce point de vue le jeûne est d'une importance sociale vraiment capitale, car on sait combien nombreux sont les malheureux adonnés aux excitants toxiques et combien il est difficile, par les moyens ordinaires, de les délivrer de l'emprise de ces funestes habitudes.

Il va sans dire que Guelpa se rend parfaitement compte que sa méthode n'est pas une panacée; il reconnaît sans peine qu'il est des cas où la cure est inopérante, mais cela arrive surtout lorsque les forces vitales de l'organisme sont définitivement à bout et qu'il n'y en a pas en suffisance pour supporter la crise de nettoyage du début; cependant il conclut avec tous ceux qui ont pratiqué le jeûne que les résultats sont en général si merveilleux qu'il vaut toujours la peine de tenter un essai, même désespéré, car la nature a parfois des réserves insoupçonnées de force vitale.

Enfin notons que Guelpa ne se fait aucune illusion sur la difficulté de faire partager ses vues par certains esprits, mais il s'en console en pensant que "la vérité qui Volentes trahit et nolentes ducit (qui conduit les gens de bonne volonté et traîne après elle les récalcitrants) a une force et une puissance irrésistibles ", Il sait très bien que la réforme sera difficile à faire pénétrer dans les masses d'autant plus que trop de médecins sont encore esclaves des anciennes théories; il nous dit entre autres à ce sujet :

" Hypnotisés par ces conceptions erronées de faiblesse et d'anémie, les médecins, pendant près d'un siècle, ont fait des fortifiants le pivot de leur hygiène et de leur thérapeutique appliquées. Ainsi s'explique l'exagération de l'alimentation carnée et des boissons alcoolisées et la débauche de préparations toniques, poudre ou extrait de viande, vin, quinquina ou ferrugineux, etc., qui ont détraqué tant d'estomacs, miné tant de santés de notre génération. Ce fut et nous pouvons dire c'est encore, à présent, du vrai délire. "

Pour prendre congé de Guelpa, nous allons citer deux passages de son avant-propos qui résument exactement la grande portée de sa méthode curative par le jeûne rythmé :

« Les avantages qui en résulteront, au bénéfice de la société et au plus grand honneur de notre profession, sont incalculables. On peut déjà prévoir : la presque disparition de certaines maladies comme le diabète et la goutte, la réduction de la durée des autres, et l'excessive rareté de leurs rechutes, par conséquent la large diminution du nombre des malades.

" Si on ajoute à cela l'heureuse influence d'une hygiène alimentaire libérée des funestes préjugés, il en résultera, au point de vue social, que les énergies précédemment détournées, absorbées par la maladie, conserveront, dans la santé mieux protégée, leur destination au travail fécond pour le plus grand profit de l'individu et de la société. »

Quoique très combattues par certains représentants de la médecine officielle, les méthodes de Dewey et de Guelpa ont fini par gagner des adhérents de plus en plus nombreux; les cures de cas désespérés ont brisé toutes les résistances théoriques; chaque jour de nouveaux médecins sont gagnés à la cause du jeûne; les médecins naturistes ont été naturellement parmi les premiers à se rallier à ces méthodes qui font appel aux forces curatives de la nature à l'exclusion des drogues chimiques néfastes. C'est en Amérique et en Angleterre que des établissements spéciaux furent tout d'abord installés pour la cure systématique par le jeûne, puis dans les pays de langue allemande, où la méthode compte beaucoup de partisans dans le corps médical. En France, nous trouvons également quelques médecins appréciant cette cure et nous allons passer encore en revue les travaux des docteurs Frumusan, Pauchet, Carton, ainsi que les théories de l'éminent hygiéniste et occultiste que fut l'ingénieur Albert Caillet.

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