Philippe Kerforne:

"Se soigner complètement par les Médecines Naturelles"

Editions Trajectoire 2002,

ISBN 2-84197-229-1

Sur 425 pages, Philippe Kerforne présente cinquante médecines naturelles, le jeûne de façon très juste aux pages 175-184 que je me permets de reproduire ici, tout en vous conseillant l'achat de son livre ...

Excellente aussi la préface du Docteur Jean-Claude Houdret

Voici le commentaire du Docteur Françoise Wilhelmi de Toledo, directrice de la Clinique Buchinger du Lac de Constance (concernant les pages sur le jeûne qui suivent): "Le livre ... semble bien fait : j'y reconnais quelqu'un qui, bien qu'il ne nous cite pas, a puisé son savoir chez nous : c'est bien résumé et il faudrait inciter les gens à citer leurs sources !"

jeûne

Définition

Le jeûne est une pratique thérapeutique destinée à purifier l'organisme en s'abstenant de s'alimenter pendant une période plus ou moins longue.

Dans la réalité, il existe de nombreuses formes de jeûne et il existe autant d'indications thérapeutiques à cette pratique qui n'est pas réservée aux ascètes ni aux religieux, mais que tout un chacun peut pratiquer en prenant certaines précautions.

La principale fonction du jeûne est de débarrasser le corps de ses toxines mais aussi de combattre les effets néfastes, notamment les maladies, dus à une mauvaise alimentation et de retrouver un bon état de santé.

La pratique du jeûne modifié consiste à ne prendre qu'un seul type d'aliment (par exemple des fruits, notamment en jus, en particulier du raisin) pendant un certain laps de temps.

Si dans certains pays comme l'Allemagne, le corps médical accorde une valeur thérapeutique au jeûne, ce n'est pas le cas dans d'autres pays comme la France, en particulier.

Différents types de jeûne

• Le jeûne modifié : il consiste à ne prendre qu'un seul type d'aliment (des jus de fruit, des légumes, des bouillons. des tisanes...) et un peu de miel durant une période bien déterminée. Il fut créé par le Dr Otto Buchinger. Ce type de jeûne vise à fournir à l'organisme l'équivalent de 200 calories/jour. Par l'apport de jus de fruits, il permet de maintenir le taux de sucre dans le sang en empêchant qu'une trop grande quantité de protéines de l'organisme soit transformée en glucose. Ainsi, le premier jour, le corps ne perd que 80 g de protéines, puis uniquement 40 g par jour jusqu'à la fin de la première semaine ; enfin 12g par jour au bout de la quatrième semaine.

Pour empêcher que les jus de fruits ne fermentent dans l'estomac, ils est conseillé de les dissoudre dans une quantité égale d'eau.

Certains préfèrent employer à leur place des légumes à cause de leur moins grande proportion en sucres que les fruits.

• La monodiète : Elle implique de ne manger qu'un seul aliment durant un certain nombre de jours. La cure la plus connue est à base de raisin mais on peut aussi faire des cures de pommes, de cerises, de carottes, de poireaux, de fraises, d'ananas... Chaque aliment (fruit ou légume) est censé apporter des nutriments spécifiques couvrant les besoins quotidiens de la plupart des organes du corps.

Propriétés de certains fruits et légumes (à prendre en jus)

Ananas : contient une enzyme ayant des propriétés anti-inflammatoires. Utilisé contre les allergies, l'arthrite et les hémorroïdes.

Betterave : ses feuilles sont riches en magnésium, vitamines C et E, bêta carotène. Sa racine est riche en acide folique, en potassium et en glutathione, un antioxydant. Action stimulante sur le foie et la vésicule biliaire. Combat l'ostéoporose.

Carotte : riche en potassium, oligo-éléments, bêta carotène, antioxydants (phthalide, glutathione). Conseillé en cas de rhumatismes.

Céleri : riche en sodium, potassium, en antioxydants (polyacétylène, phthalide). Utile pour diminuer la pression sanguine. Action sur les reins, le diabète et l'ostéoporose. Il est conseillé aux sportifs, mélangé à de l'eau, pour compenser la perte d'eau et de minéraux pendant l'activité physique.

Cerise : réputée pour les crises de goutte, les problèmes de côlon et de règles.

Chou : indiqué contre la colite et les ulcères d'estomac.

Citron : antiseptique réputé, grandes propriétés apéritives (stimulation de l'appétit). Efficace contre les allergies, l'asthme, les maladies cardiovasculaires, les rhumes.

Poire : stimulation de la vésicule biliaire. Pomme : action sur le foie et les intestins. Raisin : action sur le côlon et contre l'anémie.

D'une manière générale, des prises de jus de fruits entre une demi-heure et une heure avant les repas, de par leur apport en sucres, diminuent l'envie de manger.

 

• Le jeûne intégral : il s'agit de ne pas manger du tout, mais en général la prise de boisson (surtout de l'eau) est permise. C'est la forme de jeûne la plus radicale, celle que prônait en particulier Shelton, le fondateur de l'hygiénisme. Elle amène une désintoxication rapide et profonde de l'organisme... mais aussi une perte de protéines importante. C'est pour cela qu'il est conseillé de ne pas la prolonger plus d'une semaine et sous surveillance médicale. Le jeûne intégral n'est pas indiqué pour les débutants car il est difficile à supporter, aussi bien physiquement que psychiquement. Il ne peut servir en aucun cas à perdre des kilos en trop.

Indications du Jeûne

La pratique du jeûne a une influence bénéfique sur un certain nombre d'affections, notamment les maladies inflammatoires, l'arthrite rhumatoïde, les maladies cardiaques, l'hypertension, les allergies.

De même, le jeûne a un impact positif sur les symptômes des maladies de peau, de la bronchite, de l'asthme, de l'artériosclérose, de l'angine de poitrine, du diabète...

Selon certains médecins, dans le cas de l'hypertension, les patients peuvent cesser la prise de leurs médicaments assez rapidement tandis qu'après deux ou trois semaines de jeûne, la pression sanguine redevient normale. Dans le cas de l'arthrite, en général, les patients peuvent stopper leurs médicaments au bout de trois ou quatre jours. Après dix Jours, leurs douleurs ont d'habitude diminué de près de 80 %, sauf s'ils utilisent depuis un certain temps des dérivés de la cortisone. (page 179)

Pour l'arthrite rhumatoïde, le jeûne est d'une grande efficacité suivant plusieurs études médicales. Il ne fait pas disparaître complètement la maladie mais réduit d'une manière importante ses symptômes, notamment la douleur et la dégradation des articulations.

Ainsi, selon des recherches menées en Norvège, on a noté une amélioration de l'arthrite rhumatoïde au bout d'un jeûne de sept à dix jours. Les résultats persistent pendant plus de trois mois avec un régime végétalien et plus de neuf mois avec un régime lactovégétarien. De même, un régime végétarien entraîne une diminution spectaculaire des réactions inflammatoires et de la douleur.

D'une façon générale, même si vous n'êtes pas malade, l'expérience prouve que des périodes de jeûne améliorent la condition physique et l'état de santé en général.

Dans la mesure du possible, surtout si vous envisagez un jeûne prolongé (de plus d'une semaine) et surtout dans le cas d'un jeûne intégral, consultez préalablement un médecin.

Selon certaines études scientifiques, la pratique d'un jeûne d'une semaine par an suffit à éliminer d'une façon importante les risques de cancer.

Jeûne et obésité

Croire que l'on peut perdre du poids à long terme en jeûnant est une idée fausse à combattre. Méconnaître ce danger a déjà coûté la vie à plusieurs personnes qui n'ont pas résisté à des jeûnes longs de quatre à huit semaines. En l'occurrence, la privation de nourriture avait entraîné une dénutrition protéique qui s'est révélée mortelle. Néanmoins, une personne ayant des kilos en trop peut (page 180) bénéficier du jeûne à condition d'établir préalablement un bilan de santé approfondi, puis de le suivre, ainsi que la phase de réalimentation, sous contrôle médical.

Pour vraiment bénéficier d'un jeûne, il faut suivre une diète protéique avec l'assistance d'un médecin. Les résultats peuvent alors être spectaculaires... à condition de bien contrôler la phase de réalimentation.

La faiblesse trop souvent ignorée d'un régime n'est pas le '' pendant " mais l' " après " !

Pendant la plupart des diètes bien suivies, en général tout se passe bien, apart quelques baisses de tension et des petites périodes de faiblesse, les kilos fondent à vue d'œil.

Arrive alors la phase cruciale de la reprise d'un régime normal. C'est souvent à ce moment-là que le corps se venge, Il a été si longtemps privé de nourriture qu'il la stocke alors en excès ! Et ces kilos sont alors bien plus difficiles à perdre que les précédents. D'un point de vue médical, le métabolisme s'est tellement abaissé pendant la période de diète qu'ensuite il rattrape le temps perdu.

L'autre danger de 1'"après" se situe au niveau cardiaque. La reprise de l'alimentation normale après une période d'abstinence entraîne souvent un afflux sanguin trop brutal surtout pour les personnes souffrant de faiblesses au cœur,

Les contre-indications

Les maladies dégénératives provoquant une dénutrition et :affaiblissant l'organisme, surtout si elles sont en phase aiguë (sida, certains cancers). (page 181)

Mais aussi les états suivants : anorexie et boulimie, immunité affaiblie, faiblesse et arythmie cardiaques, maladies ou faiblesses des reins et du foie, fatigue, ulcères peptiques, maladies rénales, tuberculose, états pré et post-chirurgicaux, carences nutritionnelles, femme enceinte ou en phase d'allaitement.

De toute façon, si vous souffrez d'une affection, quelle qu'elle soit, demandez toujours un avis médical avant d'entamer un jeûne, surtout dans sa forme intégrale.

Pratique : les conditions d'un Jeûne

L n jeûne n'a pas forcément besoin d'être' long pour être efficace. Il suffit, au corps, de quelques jours de pratique pour éliminer de l'organisme une grande quantité de toxines..

La méthode proposée ci-dessous n'est qu'un procédé parmi tant d'autres. Sans se présenter comme une panacée, elle a néanmoins l'avantage d'être efficace et de ne présenter aucun danger, notamment si vous êtes débutant.

Ne l'entreprenez que si vous êtes en bonne santé, et non si vous souffrez d'une maladie, si elle est grave, chronique ou aiguë. Dans ce cas, nous vous renvoyons au paragraphe précédent : Indications du jeûné et à plus forte raison insistons sur la nécessité d'un suivi médical.

Le Jeûne présenté ci-dessous est basé sur l'absorption de liquides : eau, bouillons, tisanes, Jus de fruits, infusions... en s'interdisant tout aliment solide, et en respectant un système de paliers alimentaires progressifs.

(page 182)

Cette dernière notion est particulièrement importante pour éviter de souffrir de symptômes désagréables, en particulier des baisses de tensions trop rapides.

Il ne faut jamais passer de votre régime alimentaire habituel à une privation totale de nourriture sous peine de souffrir de répercussions physiologiques parfois graves, sinon de lésions organiques irréversibles, surtout si vous entame? un jeûne de longue durée ; ceci est d'ailleurs déconseillé pour les débutants, Le maître mot d'un jeûne réussi est la progressivité.

a) Phase de réduction progressive

Cette première étape consiste à supprimer progressivement des catégories d'aliments en fonction du travail digestif qu'ils requièrent, en commençant par les plus gros consommateurs d'énergie.

  • Dans l'ordre, on éliminera ;

    - les produits animaux : viande, poissons, fruits de mer, œufs, produits laitiers.

    - les substances excitantes : café, thé, cacao, sucre, sel, alcool, huiles et. graisses cuites,

    - les oléagineux ainsi que les huiles et graisses crues.

    - les céréales cuites.

    - les mélanges de céréales et les fruits cuits puis crus. Durant cette phase, les aliments sont. ingérés séparément

  • Une fois fixée la durée totale du jeûne, la suppression d'une catégorie peut s'opérer le temps d'un repas, des repas d'une journée ou de plusieurs Jours consécutifs. L'important étant d'arriver le jour fixé pour le jeûne en ayant éliminé totalement de votre nourriture les cinq catégories citées ci-dessus. (page 183)

     b) Phase de jeûne

    Durant la période du jeûne, il ne faut plus absorber d'aliment solide seulement des liquides, principalement de l'eau et des boissons à base de jus de fruits, de légumes, des tisanes, des infusions (évidemment sans y ajouter de sucres !).

    Utilisez des jus naturels achetés en boutiques bio ou préparés par vous-même. Ils sont préférables aux boissons industrielles contenant, en général beaucoup trop de sucres, de plus de nature chimique.

    Cette prise liquide se fait à volonté et en fonction de votre soif. Cependant, pour ce qui concerne l'eau, il faut en absorber au moins un litre et demi par jour.

    Si vous .avez bien respecté la phase de réduction alimentaire progressive. Vous ne devriez ressentir aucune impression de gène, de malaise et éviter des baisses de tension désagréables. De même, au bout de deux ou trois jours, la sensation de faim aura disparu.

    Il se peut que votre organisme manifeste quelques signes légèrement désagréables, par exemple au niveau du système digestif, notamment des gargouillis au niveau de l'estomac. C'est tout a fait normal car celui-ci ne fonctionne pas comme d'habitude ; il est trop souvent habitué à un mauvais fonctionnement dû à des pratiques alimentaires négatives qui le sollicitent plus que de raison.

    Aussi, quels que soient ces symptômes, ils attestent en général d'une intensification saine des fonctions éliminatoires.

    c) Phase de réalimentation

    Elle consiste a remonter les paliers dans l'ordre inverse où (p.184) vous les avez descendus et suivant les mêmes périodes de temps que durant la '' désalimentation ", en commençant par ingérer a nouveau des céréales et des fruits crus, en remontant progressivement jusqu'aux produits animaux.

    Efforcez-vous néanmoins de vous réalimenter d'abord par petites quantités et en avalant la nourriture par bouchées minuscules. L'organisme pourrait réagir violemment à une réalimentation trop rapide et trop importante par des problèmes digestifs désagréables, Sans parler du risque de boulimie qui pourrait entraîner une (re)prise de poids rapide de kilos ensuite très difficiles à perdre.

    Durée du jeûne

    La durée de ce jeûne progressif dépend de vous. Cependant, il ne faut jamais commencer par des périodes trop longues pour les nombreuses raisons déjà citées (risque de dénutrition importante, de coups de fatigue intempestifs, de fringales incontrôlées, de troubles digestifs désagréables, de reprise de poids importante...).

    Commencez par des périodes de trois à quatre jours. Si vous supportez bien ce premier essai, augmentez progressivement cette durée en passant à une semaine, deux, trois...

    Pour entamer des jeûnes plus longs, pensez alors impérativement à le faire avec un suivi médical rigoureux.